Edmond Mathieu nous livre son riche compte-rendu du concert de Delf SHAM et Miguel MORENO, vendredi 13 octobre à Rosoy.

Trois semaines après le concert du groupe français ROSEDALE dont le duo Amandyn ROSES, chanteuse et Charlie FABERT, guitariste, sont les piliers, l’association « 606 Reed and blues » proposait un autre duo mixte: celui formé par Delf SHAM et Miguel MORENO.

Outre cette configuration, un autre point commun à ces deux formations est le TALENT: au chant pour Amandyn et Delf et à la guitare pour Charlie et Miguel.

Je savais déjà, avant le concert de ROSEDALE que Mister FABERT est un grand guitariste pour l’avoir vu /entendu aux côtés de Fred CHAPELIER dans un autre concert organisé par « 606… » et, il y a un dizaine d’années, au festival de Cahors, tout jeune mais déjà très prometteur.

Par contre, je n’avais jamais entendu le jeu de guitare de Senior MORENO (est-il d’origine espagnole, compte tenu de son nom et de son physique?). Ce fut pour moi une véritable découverte et je n’hésite pas, après ce concert, à le ranger dans la catégorie des grands guitaristes français de blues où figurent entre autres,, selon mon humble avis, Fred CHAPELIER, Charlie FABERT et Mick RAVASSAT.

J’en ai terminé en ce qui concerne les similitudes entre ces deux duos. Leurs différences résident premièrement dans le fait que ROSEDALE est un quintette alors que Delf et Miguel assuraient eux-mêmes la rythmique à grand renfort de claquements de talon et, surtout, qu’ils s’expriment dans les styles de blues différents: principalement blues rock pour ROSEDALE et largement soul et funky pour Delf et Miguel.

Cette variété de styles, reflétant la grande richesse du blues qui est loin de l’image de musique monolithique dont on l’affuble parfois, est à mettre au crédit de la programmation de « 606 »R&B.

Le répertoire est constitué de reprises qui ne sont absolument pas des copiés/collés des originaux. Ceci grâce essentiellement au jeu de guitare de Miguel : une rythmique funky omniprésente qui laisse quand même la place à de fulgurants chorus virtuoses.

Ces reprises puisent dans le répertoire de grands noms de la soul : PRINCE avec « cream », Aretha FRANKLIN, Bill Whthers, moins connu mais dont le tube « ain’t no sunshine a fait l’objet de nombreuses reprises et surtout James BROWN « avec Papa’s got a brand new bag » (qui se mue en »sex machine » en fin de concert), » I got you » et une version très originale de « it’s a man’s man’s world » dans la quelle Delf donne toute la mesure de ses qualités vocales.

Il serait d’ailleurs temps pour moi d’en parler avant d’être taxé de machisme pour avoir surtout vanté les mérites de son partenaire (le blues serait-il « a man »s man’s world?). Alors comment rendre compte verbalement de ces qualités en évitant les comparaisons trop convenues? ( laissons Janis JOPLIN reposer en paix, elle est trop souvent sollicitée par les chroniqueurs). Ce, d’autant plus que le timbre de voix de Delf est très personnel, que ses facultés de le nuancer sont remarquables qu’elle sait créer le climat convenant au style des morceaux (lents ou énergiques) et que le répertoire ciblé n’a rien à voir avec celui de Janis JOPLIN. Bon! le mieux pour apprécier ses qualités vocales, c’est de l’écouter. Le problème c’est qu’elle n’a pas encore enregistré de CD avec Miguel.

En guise de compensation, je vous propose de les retrouver sur ma page FB (Edmond mathieu) ou celle de émissionlardbstolliahc. avec quelques vidéos de la 2ème partie de leur concert.

Vous pourrez y apprécier une séquence vraiment blues grâce à Miguel dans une formule « One Man Band », interprétant un classique du blues « I’m ready » (Willie Dixon) dans un style qui rend hommage à Stevie Ray Vaughan suivi d’un « she’s got the jack » d’ACDC plus inattendu. Séquence qui confirme que Miguel est aussi un excellent chanteur.

Je ne saurai conclure ce compte rendu sans insister sur le sens de l’humour dont ils témoignent dans les transitions entre les morceaux et, surtout, leur très bon contact avec le public fait de clins d’oeil et de sollicitations à participer vocalement (notamment avec un « miss you » très funky.) C’est d’ailleurs à la sauce funky qu’ils accommodent quelques standards qui n’en demandaient pas tant (comme le « I just wanna make love to you » du même Willie DIXON, ma reprise préférée de la soirée).

Inutile donc de préciser que j’ai été conquis, comme le reste d’un public assez nombreux, par leur généreuse prestation. Eux-mêmes semblent avoir éprouvé beaucoup de plaisir à leur passage sur la scène de Rosoy si on en juge par leurs témoignages de reconnaissance envers les membres de »606″ et principalement Marie-Noëlle, la présidente. Qu’ils soient ,une fois de plus, remerciés.

E. MATHIEU

Et une sélection de photos, merci à Lionel et Patrick pour les clichés.

Un duo voix-guitare admirable…